2025 : La réparation

Ce documentaire nous plonge au cœur d’un dispositif de justice restaurative pendant un an.

Victimes et auteurs de crimes similaires dialoguent ensemble, pour se réparer.

 

 

 

En France, la justice restaurative est inscrite au Code pénal depuis 2014. Cette pratique, pensée comme un complément à la justice pénale, offre un espace sécurisé d’échanges entre des auteurs et des victimes concernées par une infraction.
L’objectif est de permettre aux victimes de se reconstruire et aux auteurs de prendre pleinement la responsabilité de leurs actes, ce qui permet de limiter le risque de récidive. Le film suit l’un de ces dispositifs sur une année.
Amélie, conseillère d’insertion et de probation et Séverine, juriste au sein d’une association de victimes, ont été formées comme médiatrices pour mettre en place ces rencontres. Au sein du centre pénitentiaire de Joux la Ville, elles préparent Marthe, Aurélien, Sylvain et JF, incarcérés pour assassinat et tentatives d’assassinat sur conjoint. En parallèle, elles suivent Emeline, Evelyne et Marie, victimes de crimes similaires. Après plusieurs mois d’entretiens préparatoires, les participants vont se rencontrer pour échanger à cœur ouvert sur leur vie depuis le drame. Encadrés par les médiatrices et deux bénévoles formées, tous les participants vont devoir affronter leur histoire et leurs traumatismes pour trouver, peut-être au bout du chemin, la réparation.

 

Pourquoi ce film?

 

Avec Chloé Henry-Biabaud, nous avons découvert la justice restaurative un peu par hasard, en 2013, lors d’un tournage en Floride pour un projet sur la justice américaine.
Alors que nous naviguions entre détenus et victimes, dans un déluge de vies broyées par une justice extrêmement punitive… nous avons été bouleversées par une autre approche.
Celle d’une femme qui avait pris contact avec l’assassin de sa fille et son petit-fils. Après des années de questions sans réponses, cette femme lui avait écrit, pour comprendre. Leur relation épistolaire durait depuis onze ans, elle les aidait à se reconstruire, tous les deux. La puissance de leur dialogue nous a saisi.
Puis nous avons découvert d’autres rencontres improbables entre victimes et criminels, et nous en avons fait un film, montrant avec eux ce que pouvait être « Une autre justice » .
Ce documentaire est sorti en France en 2016, au moment où la justice restaurative commençait à se déployer dans notre pays. Au fil des ans et des projections d’« Une autre justice », notamment dans des prisons, nous avons eu l’occasion de rencontrer les membres de l’Institut Français de la Justice Restaurative, ainsi que des associations de victimes et des membres du SPIP (Service de Probation et d’Insertion Pénitentiaire) dont l’enthousiasme et les qualités humaines nous ont marquées.
Avec eux, nous nous sommes intéressées au protocole très pensé, très réfléchi, de la justice restaurative.
De là est née l’idée d’un film qui suivrait l’intégralité d’un processus de justice restaurative.
A Auxerre, grâce à la confiance d’Amélie Bousseau (du SPIP) et de Séverine Collado (de l’association de victimes L’ Adavirs) nos caméras étaient là dès les premiers coups de téléphone informant les victimes du dispositif qu’elles s’apprêtaient à mettre en place.
Nous avons ensuite suivi toutes les étapes d’un dispositif appelé « RDV » : Rencontre Détenus Victimes, sur la thématique : « assassinat ou tentative d’assassinat sur conjoint ». Il ne s’agit pas des mêmes affaires – dans ces cas-là, on parle de Médiation Restaurative – mais de rencontres entre des personnes concernées par la même typologie d’infraction.
En immersion pendant un an, nous avons filmé les entretiens préparatoires, puis les rencontres « par groupe » entre victimes et entre détenus, les cinq rencontres « plénières », et enfin, la rencontre bilan.
C’était notre objectif : capter comment victimes et détenus sont préparées à tout entendre – ou tout demander – de façon à ce que ces rencontres soient réellement bénéfiques. Montrer comment la réparation peut surgir lorsqu’on prend le temps de la rendre possible.